Concierges et gardiens d'immeuble : un métier en voie de disparition ?

Dans son article publié le vendredi 11 mars 2016, Guillaume Bertolino, parlait du «  grand malaise des gardiens d'immeuble ».

 

À la suite de neuf suicides de gardiens d'immeuble dans le département des Alpes Maritimes, le grand malaise éclate au grand jour et semble lié à des conditions de travail et à des relations avec leurs employeurs qui se dégradent d'années en années. La hausse des licenciements de concierges et des litiges qui les opposent aux syndics témoignent de ce climat délétère. Pressions, harcèlement, tout est bon pour s'en débarrasser. Selon Myriam Garnier, la déléguée départementale de F.O., la chute vertigineuse du nombre des gardiens d'immeuble s'explique en grande partie par les intérêts économiques des copropriétaires qui, pour faire des économies, font appel à des sociétés de nettoyage ou à des employés externes aux résidences. Pour faire entendre leur mal être, 80 concierges se sont rassemblés le samedi 5 mars sur la place Masséna à Nice.

 

Mais, a contrario, certains gardiens comme Gilbert à Juan les Pins qui exerce depuis 13 ans dans la même copropriété, se disent satisfaits des conditions de travail d'une profession qui demande une grande disponibilité et un sens du service qu'ils doivent assurer 5 jours sur 7 et 24h sur 24h. Réception des colis, entretien et nettoyage des parties communes, services divers aux résidents... aucune société externe ne peut être aussi présente, polyvalente et proche des habitants, explique Gilbert. À l'opposé, Bertrand et sa femme Nadine veillent depuis 20 ans sur un immeuble cossu du Cannet et sont menacés de licenciement par la nouvelle directrice du syndic et quelques copropriétaires. Les deux quinquagénaires et leur fille de 14 ans ont reçu deux avertissements, selon eux non justifiés et destinés à les faire partir. À 52 et 51 ans, Bertrand et Nadine risquent donc de se retrouver sans travail et sans logement et pour eux c'est la fin d'une époque dorée remplacée par une nouvelle qu'ils ne comprennent plus.

 

Un autre exemple corrobore les difficultés rencontrées par la profession. Marie-Rose est gardienne de la résidences Les Andes à Cimiez. Depuis l'arrivée d'une nouvelle présidente du conseil syndical qui veut supprimer le poste qu'elle trouve trop coûteux, la tension est vive entre les deux femmes. Marie-Rose a fait une demande de médiation auprès du syndicat F.O., préférable à une action en justice. Pour Elise de Ghinste, avocate spécialisée en droit du travail, les licenciements de gardiens se multiplient avec la complicité des syndics. Pour faire entrer des sociétés de nettoyage dans les immeubles, on accable de reproches les concierges. Les syndics, rémunérés par les copropriétaires, sont complices et ne jouent pas leur rôle de médiateur. Le conseil de Maître de Ghinste est de faire constater les mauvaises conditions d'exercice par le médecin du travail et d'en transmettre les conclusions au syndic. L'avocate ajoute que si les licenciements sont parfois nécessaires lors d'opérations de marchande qui consiste à remplacer le gardien par un agent d'immeuble, ils doivent s'accompagner d'indemnités de licenciement.

 

Pour Philippe Salmon, gérant éponyme du syndic, une situation de conflit est toujours un échec et le syndic doit y jouer un rôle de médiation. Monsieur Salmon a une opinion très partagée sur la question et la résume à peu près à ceci : Dans certains cas on peut se séparer d'un gardien pour des raisons financières alors que par ailleurs il contribue par sa présence sur le terrain à garder un lien social, à rendre des services. Christian Galliano, conseiller prud' hommal, a un avis beaucoup plus tranché. Lorsque des copropriétaires veulent se séparer d'une gardien, ils invoquent l'inaptitude comme motif de licenciement et procèdent à différentes formes de harcèlement. "Mais je constate dans de nombreux dossiers", précise le conseiller prud' hommal, "que la suppression du poste de concierge n'est pas forcement une bonne option financière in fine et que les copropriétaires connaissent souvent très mal les lois qui régissent la profession".

 

40 000 en 2006, 4 000 aujourd'hui, cette dégringolade condamne-t-elle le gardien d'immeuble à devenir une espèce en voie de disparition, sacrifiée pour des besoins économiques?

Les chiffres sont éloquents et à cette vitesse-là, on n'est guère optimiste sur l'avenir de la profession. Comme nous l'avons déjà vu, la cause principale est économique et les syndics de copropriétés préfèrent faire appel à des prestataires de services avec des engagements contractuels plus flexibles dont le coût est bien inférieur. Devenus indésirables, les concierges sont poussés vers la sortie lorsqu'ils sont trop loin de la retraite et vont grossir les rangs des chômeurs à l'instar de cette société de consommation qui jette ceux dont elle n'a plus besoin. Le lien social et la chaleur humaine s'étiolent alors et ne reste plus qu'un vague bonjour lorsque l'on croise l'agent de propreté, pressé de terminer son immeuble pour en commencer un autre. D'une façon plus générale, on peut penser que l'humain devient secondaire dans une société où la rentabilité et la productivité deviennent les priorités absolues. Quant aux concierges joyeux qui chantent dans leurs cages dorées, il en existe encore, fort heureusement, mais pour combien de temps...

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